I - PRESENTATION GENERALE :
A - Sport et culture
Définition du « Dictionnaire encyclopédique Auzou 2004 » :
Culture : ensemble des traditions, des coutumes, institutions, œuvres, pensées, qui se perpétuent dans une civilisation, une nation, un groupe social et qui les caractérisent.
Dans « Histoire du sport », de Raymond Thomas, collection Que sais-je ?, aux Presses Universitaires de France :
Une culture se présente comme une structure dont les éléments sont liés les uns aux autres et en étroite dépendance. Les jeux, les activités physiques de délassement pratiqués par un groupe social font partie intégrante de ses manières de vivre et de penser. […] Le sport est un fait social total qui, d’une part, est le reflet de la société et qui, d’autre part, participe à l’évolution et la transformation de celle-ci.
B - Histoire de la lutte et grandes compétitions
La lutte est, avec la course à pied, le plus ancien sport de l’humanité.
On en retrouve des traces archéologiques chez les toutes premières civilisations, Sumérienne, Egyptienne et Chinoise, datant de 2000 à 3000 ans avant JC. En fait, dès les premiers écrits de l’humanité (épopée de Gilgamesh).
Chaque peuple a ainsi développé sa propre forme de lutte traditionnelle. Selon les époques, certaines ont acquis une reconnaissance internationale :
- L’ « orthopale » (littéralement « lutte debout ») lors des Jeux Olympiques de l’Antiquité (du VIIIème siècle avant JC au IVème après JC) du temps des Grecs puis des Romains.
- Le « bokh » (ou « lutte mongole ») sous l’Empire Mongol de Gengis Kahn (aux XIIIème et XIVème siècles).
- Le « yagli gures » (ou « lutte à l’huile ») sous l’Empire Turc Ottoman (du XIV au XXème siècle).
De nos jours, trois sports de préhension sont disciplines olympiques :
- Depuis 1896 : la lutte dite « gréco-romaine » qui est en réalité la « lutte française », n’autorisant pas les attaques aux jambes. Elle fut imposée par le Baron Pierre de Courbertin et ensuite surtout appréciée par les peuples Slaves (Russes et Biélorusses, experts de « lutte à la ceinture »), Scandinaves (surtout Suédois et Finlandais) et Germaniques.
- Depuis 1904 : la lutte « libre » qui est d’origine « anglo-américaine », autorisant les attaques aux jambes, synthèse des différentes luttes traditionnelles de Grande-Bretagne. Les meilleures nations en sont les Etats-Unis, la Russie et la Turquie.
- Depuis 1964 (en démonstration) et 1972 (officiellement) : le « judo » ou « lutte japonaise », qui se différencie des deux précédentes par le fait que c’est une lutte « habillée », avec autorisation de saisie des vêtements.
C - La lutte à la Réunion
Malgré le peuplement récent de l’île de la Réunion, ses habitants ont développé une culture originale, endémique. Les Réunionnais ont ainsi leur propre langue (le créole réunionnais), leur propre cuisine (qui reflète le métissage d’Europe, d’Afrique et d’Asie) et, entre nombreuses autres choses, leur style de lutte : la croche.
D - Caractéristiques de la lutte traditionnelle de la Réunion
- La croche est une sport de préhension, ce qui signifie que les frappes sont interdites.
- C’est une forme de lutte où les saisies sur les vêtements sont interdites. Traditionnellement, c’est parce que ce jeu d’opposition était pratiqué en vêtements de tous les jours, donc on ne prenait pas le risque de déchirer son linge.
- Comme en lutte « libre olympique », en lutte « la croche », on peut attaquer les jambes pour faire tomber son partenaire / adversaire.
- Par contre, pour gagner, il ne suffit pas de plaquer les épaules de son adversaire au sol. Comme en « judo » ou en « sambo », les clés articulaires et les étranglements sont autorisés (avec cependant interdiction de blesser intentionnellement).
- Dernier point : jadis, on ne « jouait [à] la croche » qu’entre camarades, jamais entre ennemis. Ceci renforce l’esprit sportif « fair-play » de la discipline. A chacun de faire en sorte que cet état d’esprit soit perpétué.
Tous les détails sont donnés dans la livre « La Croche – Lutte traditionnelle de la Réunion », paru aux éditions Azalées en avril 2006.