Le champion unifié des super moyens (WBC/WBA/WBO), le Gallois Joe Calzaghe (36 ans, 44-0, 32 KO) affrontait le 19 avril, l’américain Bernard Hopkins (43 ans, 48-4-21, 32 KO) au Thomas & Mack Arena de Las Vegas. Donné largement favori, Calzaghe n’a pas eu une soirée facile. Hopkins a fait ce que l’on attendait de lui. Et le combat s’est déroulé comme un certain nombre d’observateurs le craignaient.
La première reprise n’était pas terminée et déjà on commençait à penser que le vieil Hopkins était parti pour l’emporter une fois de plus. Sur une courte droite, il venait en effet d’envoyer Calzaghe au tapis. Pour le gallois, il s’agissait plus une surprise que d’un vrai choc, il se relevait aussitôt et ne tardait reprendre le combat. Il n’empêche, Hopkins venait de lui lancer un sévère avertissement. Et au public aussi, qui était plutôt acquis à Calzaghe. "
En fait, j'étais en déséquilibre" expliquera Calzaghe par la suite, "
Il ne m'a touché sérieusement qu'une seule fois et n'a jamais pu me toucher de pleine fouet..."

Au cours des deux reprises suivantes cependant, on se met à assister au combat que l’on attendait. De la part d’Hopkins notamment. Le vétéran, assez mobile boxe comme on le craignait. Un coup, un accrochage. Rarissimes séries de deux coups. Un coup un accrochage, et pour compléter le spectacle déjà pénible, un coup bas de Calzaghe à la fin de la troisième vient jeter le doute sur les motivations des deux hommes.
Contre des gauchers, Hopkins était réputé à l’aise mais contre des boxeurs hyper-actifs comme était censé l’être Calzaghe, il devait tarir la source des coups d’une façon ou d’une autre. Ce qu’il parvenait à faire parfaitement, offrant le spectacle pathétique du vieux roublard fatigué qui ruse plus souvent qu’à son tour et parvient malgré tout à prendre le meilleur sur un boxeur meilleur. Calzaghe donc, dont on attend à ce moment qu’il se mette à distribuer les coups par centaines, Calzaghe peine à imposer son débit. Pourtant il semble qu’au fil des reprises, ses combinaisons rapides et aussi plus courtes qu’à l’accoutumée fassent de plus en plus souvent mouche et qu’elles lui rapportent des points.

Face à Hopkins qui donne les coups au petit bonheur entre deux accrochages, Calzaghe prend peu à peu le meilleur. A l’approche des quatre dernières reprises, il semble plus frais que son adversaire. D’ailleurs on trouve à ce moment quelqu’un qui paraît encore plus fatigué qu’Hopkins à ce moment, Joe Cortez, qui aura passer sa soirée à séparer les deux hommes, parfois au prix d’efforts soutenus de véritable lutteur, tant Bernard Hopkins refusait parfois de lâcher prise…
Au début de la dixième reprise, Hopkins S’appuie sur Calzaghe au moment ou celui-ci s’apprête à le toucher de sa gauche. Le coup se transforme en coup bas, involontaire donc et aussi visiblement de faible puissance. Mais Hopkins profite de l’occasion. Il s’octroie plusieurs minutes de récupération, courbé et grimaçant, offrant la parfaite imitation d’un homme qui aurait été touché par un coup bas. Mais il l’avait été. Il l’avait été ? A voir.

C’est Calzaghe qui termine le plus fort. Niveau tactique, rien de nouveau. C’est simplement la fréquence des coups qui diminue chez Hopkins alors qu’elle se maintient chez le gallois. Hopkins cherchant à faire durer les accrochages, frustrant le public et Joe Calzaghe, mais aussi Freddie Roach qui l’aura encouragé durant tout le combat à donner plus de coups. Un crochet droit après son direct du gauche par exemple, ça aurait pu être intéressant pour tout le monde. Mais non.
Au coup de gong, les deux boxeurs lèvent les bras ; et le public applaudit Calzaghe.
"J’ai imposé le rythme comme un vrai vétéran." a déclaré Hopkins.
"Il ne m’a jamais fait mal. Il ne m’a jamais touché vraiment fort. Il n’y a rien dont je n’aie à rougir. Je lui ai donné une leçon."Néanmoins il reste difficile à ce stade d’opter catégoriquement pour l’un ou pour l’autre. Ce dont témoigne le verdit partagé : Ted Gizma (115-112) et Chuck Giampa (116-111) pour Calzaghe et Adalaide Byrd 114-113 pour Hopkins.
Hopkins a touché avec 27% de ses coups tandis que Calzaghe a touché avec 33% des siens.

Calzaghe reste donc invaincu et devient le nouveau roi des mi-lourds.
"Il cherchait surtout à se défendre. On ne peut pas dire que ça ait été beau à voir, mais une victoire est une victoire" a pour sa part commenté Calzaghe. Le Gallois parle maintenant d’affronter Roy Jones Jr., quant à Hopkins, il a montré hier qu’il était encore capable de combattre au plus haut niveau. Il n’y a aucun doute, il pourrait encore battre pas mal de monde dans le top 10, mais est-ce bien nécessaire et est-ce que le public a vraiment envie de voir ça ? Le temps est peut-être venu pour lui de prendre sa retraite.