Grâce aux compétitions inter-disciplinaires (dites de "combat libre" ou plus justement "d'arts martiaux mixtes"), il apparaît que pour chaque distance de combat, on trouve une sorte de gabarit idéal.

Pour le combat à distance, privilégiant les frappes, c'est une synthèse de mobilité, d'esquive mais aussi de puissance, d'efficacité dans les frappes, qui compte. Les combattants doivent donc être puissants (combinaison de force et de vitesse). Généralement, c'est entre 85 et 100 kg qu'on trouve de tels combattants, si possible longilignes (mais en "arts martiaux mixtes", c'est moins marqué qu'en boxe ou taekwondo ou autres disciplines de percussion). La preuve : les champions à moins de 93 kg sont des frappeurs issu du Kempo/Kick-Boxing (Chuck Liddell) et du Muay Thaï (Mauricio "Shogun" Rua et avant lui Wanderlei Silva). On pourrait aussi citer Bas Rutten (95 kg, ex-champion de l'UFC), Maurice Smith et encore Mirko "Cro-Cop" Filipovic qui ont flirté avec les 100 kg tout en étant extrêmement efficaces en "toutes catégories".

Pour le combat au corps-à-corps, il faut plus d'inertie, de la force plus que de la vitesse. Là, les combattants peuvent (doivent ?) peser plus de 100 kg, voire beaucoup plus, pour être efficaces. En "arts martiaux mixtes", la tactique idéale c'est le ground'n'pound : amener à terre puis frapper depuis la position supérieure. De grands noms de la Lutte Libre (Mark Kerr puis Mark Coleman) puis du Sambo (Fedor Emelianenko) se sont illustrés de cette manière en approchant ou même en dépassant les 110 kg.

Enfin, pour le sol, les soumissions même en position inférieure (dos au sol), mieux vaut être mobile, plus léger, plus souple mais sans être pour autant dénué de force. Le gabarit idéal se situe donc entre 71 ou 77 et 84 kg, athlétiques, ce qui permet à ces experts de s'imposer par leur technique contre des gabarits beaucoup plus imposants. Quelques noms : Royce Gracie (80 kg), Rickson Gracie (84 kg), Renzo Gracie (75 à 82 kg selon les compétitions), Murilo Bustamante (redescendu de 90 à 84 kg), Kazushi Sakuraba (83 kg), ... sont devenus des légendes en s'imposant en "toutes catégories" malgré leur désavantage physique apparant.

Le nouveau roi des "mi-lourds" (combattants de moins de 93 kg) se nomme Mauricio "Shogun" Rua. Il a été désigné par un tournoi à 16 hommes : le Pride Grand Prix 2005.

Ce Grand Prix 2005 pourrait presque se résumer en l'opposition de deux équipes brésiliennes :

• d'un côté la Chute Boxe de Curitiba, spécialisée dans le Muay Thaï (travail des frappes dans toutes les positions, avec toutes les armes naturelles), avec ses fers- de-lance Wanderlei Silva (tenant du titre) et Mauricio "Shogun" Rua ;
• et de l'autre côté la Brazilian Top Team de Rio de Janeiro, spécialisée dans le Jiu--Jitsu Brésilien (travail des soumissions au sol), avec Ricardo Arona (multiple champion du monde de lutte de soumission à Abu Dhabi) et Antonio Rogerio Nogueira dit "Lil Nog" car frère jumeau d'Antonio Rodrigo Nogueira, ex-roi des poids lourds.

Les oppositions en résumé :

• Mauricio "Shogun" Rua a battu Antonio Rogerio Nogueira sur décision des juges en quart de finale;
• Ricardo Arona a battu Wanderlei Silva sur décision des juges en demi-finale
•  et enfin Mauricio "Shogun" Rua a battu Ricardo Arona par KO en finale.

Ce ne serait la présence d'Alistair Overeem (tombeur de ceux qu'on espérait redevenir de sérieux prétendants Vitor Belfort, ex-champion de l'UFC, et Igor Vovchanchyn, ex-finaliste du Pride Grand Prix 2000), les brésiliens ont vraiment écrasé ce tournoi.

Le futur du nouveau roi n'est pas sans intérêt, loin de là.
Il pourrait par exemple retrouver le seul homme à l'avoir battu : Renato "Babalu" Sobral, du Ruas Vale Tudo (puis passé au Gracie Barra Combat Team) (c'était par soumission en 2003 lors de l'IFC Global Domination, remporté par "Babalu", un tournoi d'un niveau quasi-équivalent au Pride Grand Prix 2003). A noter que Renato Sobral n'avait été battu par Fedor Emelianenko que par décision en 2001.
Ou encore, accorder une revanche, non pas à Ricardo Arona (battu nettement) mais à Rogerio Nogueira (le seul adversaire vaincu que "Shogun" n'a pas réussi à mettre KO ... sachant en plus que "Lil Nog" s'était montré supérieur à Alistair Overeem lors d'un combat préliminaire au Pride Grand Prix 2005).

J'imaginerais bien :

•  Mauricio "Shogun" Rua contre Renato "Babalu" Sobral, titre mondial (du Pride) en jeu
• et Antonio Rogerio "Lil Nog" Nogueira contre le seul autre combattant ("Shogun" mis à part) à l'avoir battu Vladimir "Juanitor" Matyushenko (un lutteur russe, vétéran de l'UFC et du Jungle Fight) pour une demi-finale mondiale.
  
  

• Genki Sudo vs Miyata Kazuyuki
• Remigius Morkevicius vs Takaya Hiroyuki
• Norifumi "Kid" Yamamoto vs Royler Gracie (4 fois champion du monde de JJB et 3 fois de lutte de soumission … et qui nous a déjà rendu visite à l'Académie La Croche)
• Kaoru Uno (ancien champion de Shooto) vs Tokoro Hideo

" Super-fights " (combats d'encadrement):
Combat de poids lourds :

• Sam Greco (karatéka ancien fer-de-lance du K1) vs Shungo Oyama (du Pancrase)
• Kikuchi Akira vs Kiuma Kunioku (ancien champion de Pancrase dans 2 catégories de poids : 70 puis 77 kg)

Combat de poids lourds :

• Nakao Yoshihiro vs Fai Falamoe
• Hermes Franca vs Koutetsu Boku

Le K1, en plaçant le Heros sous la direction d'Akira Maeda (fondateur de la ligue Rings qui permit à des champions tels que Dan Henderson, Antonio Rodrigo Nogueira puis Fedor Emelianenko d'éclore) espère concurrencer directement le Pride F.C. sur le terrain des " arts martiaux mixtes ". Toutefois, pour une première édition, ce sont des combattants autour de 70 kg qui ont été invités (plus représentatifs du gabarit moyen japonais) plutôt que des mi-lourds ou des lourds (+ ou - de 93 kg) qui restent la spécialité des Pride Grand Prix.